Sexualité dé-censurée

Sexualité dé-censurée

J’ai passé 27 ans de ma vie à vivre ma sexualité dans la culpabilité et la censure.

PAF! Voilà le sujet de la semaine. Le sexe. Ouf, comment trouver les mots… Bon tant pis, je me lance et on verra où je vous amène.

Enfant, vers l’âge de 4-5 ans (comme tous les enfants, je tiens à le spécifier!), j’ai découvert le plaisir de la masturbation. Je n’avais bien sûr aucune idée de ce que je faisais, juste que c’était agréable. Le jour où mes parents m’ont surprise, vous savez ce qu’ils m’ont dit? Que c’était mauvais et dangereux et que si je faisais ça, je tomberais malade. J’ai donc arrêté de le faire, et quand  je succombais à la tentation, j’avais terriblement peur qu’ils aient dit vrai. J’avais peur des conséquences sur ma vie. J’ai pour la première fois remis leurs paroles en question vers l’âge de 17-18 ans.

Dès les premiers moments de découverte de mon corps, je me suis censurée.

En parallèle, je deviens chrétienne à l’âge de 16 ans. Déjà, je n’étais pas de celles qui couchait avec n’importe qui : je refusais de faire l’amour avec mes copains, préférant attendre « le bon ». Comme la masturbation était censurée en moi, je ne connaissais pas mon corps du tout. Et là, en commençant à vouloir suivre les principes bibliques, je me suis vue me rajouter une autre censure : non seulement la masturbation était dangereuse selon mes parents et interdite selon l’Église, mais en plus le sexe devenait tabou. À l’âge où la majorité des jeunes d’aujourd’hui découvrent leur corps et le corps de l’autre, moi je me voyais ajouter une barrière intérieure à ma conception de la sexualité. Dans le temps, je sortais avec un homme que j‘aimais beaucoup et qui était chrétien. Nous nous sommes fréquentés 6 ans avant qu’on se marie, alors imaginez : six ans de censure, d’interdits, de retenue. Six ans de « si on a le malheur de se laisser aller un peu trop dans notre attirance physique l’un envers l’autre, on sera coupables de pécher aux yeux de Dieu ».

Au préambule de ma découverte de l’autre, je me suis censurée.

Je me marie à l’âge de 21 ans. Laissez-moi vous dire qu’après 21 ans de censure, ce n’était pas facile de décensurer. Pas facile de se vivre librement et de façon assumée. Pas facile de trouver notre jouissance dans quelque chose qui, pendant si longtemps, avait été interdite. J’ai donc passé mes six ans de mariage à ne pas aimer le sexe. Mon pauvre mari… Comme j’aimerais retourner en arrière et me vivre différemment! Pour moi, faire l’amour c’était une tâche, une obligation. Je n’ai atteint l’orgasme que très tard dans cette relation, car je ne connaissais pas du tout mon corps. Ce manque de connexion que je vivais avec moi-même me donnait du mal à me connecter à l’autre. Je me vivais dans la honte. Mon mari n’y était pour rien; malgré tous les efforts qu’il faisait, je n’arrivais que très peu à y prendre plaisir. Bien sûr nous savons tous que le sexe, ce n’est pas tout, que le couple c’est bien plus. Oui, tout à fait. Mais vivre une sexualité réprimée sans jamais s’être permis de la vivre pleinement, ça affecte le couple. J’irais même jusqu’à dire que ça nous empêche de grandir ensemble. Le sexe, c’est une affaire d’adultes. D’adultes assumés. Et moi, je n’étais pas là du tout. J’étais bloquée à l’âge de 5 ans, à l’époque de ma première censure.

Je me souviens…

Je suis dans un groupe d’étude biblique avec mon mari et deux autres couples mariés. Nous étudions le Cantique des Cantiques, le livre le plus érotique de la Bible. Nous avons décidé de mettre sur pied ce groupe de discussion pour rendre la sexualité moins taboue et en discuter dans un endroit safe. Ce soir, on parle de comment on se vit là-dedans. Je réponds : « Je n’ai pas de plaisir à faire l’amour. Pour moi c’est une tâche, une suite de choses à faire. Je n’arrive pas à m’amuser. » Comme cette réponse représente ma vie! Je suis une femme d’efficacité, de travail et de très peu de plaisirs. Tout est calculé, utile. Si la vaisselle n’est pas faite, je suis incapable de penser à me distraire!

Ma sexualité était un miroir de ma vie : efficace.

Puis BOUM! Tout explose (lire cet article pour plus de détails). Au milieu de la tourmente, un besoin est pressant : apprendre à avoir du plaisir. Je veux donner plus de flexibilité à ma vie sur tous les plans : le travail, la foi, la vie amoureuse, le corps, l’horaire, etc. Bien sûr, la sexualité y passe. Je plonge dedans, j’ose explorer des avenues autrefois interdites.

Je touche l’autre d’une façon nouvelle, me laisse toucher. Je découvre mon propre corps et apprends à l’assumer. Cette nouvelle énergie que je me donne, ça respire, ça goûte bon. Je suis gourmande, j’en veux plus. Aujourd’hui pour moi, la sexualité est saine, précieuse, sauvage.

Elle ne rend pas malade et n’est plus censurée. Je me donne le droit de l’aimer, de la désirer, d’y plonger. J’ai beaucoup de compassion pour les adultes que je croise et qui malheureusement ne vivent pas pleinement cet aspect de leur vie, même en étant en couple. On dirait que la honte et la culpabilité est inscrite profondément dans l’esprit de plusieurs. En tout cas moi, je suis vraiment reconnaissante pour ce cadeau que la vie nous a fait.

Une sexualité pleinement assumée et vécue dans la liberté, c’est de permettre à son âme de se connecter au corps le temps d’un moment, pour ne faire qu’un avec soi-même. C’est de me découvrir dans mon corps de femme, de l’assumer dans toute sa sensualité, d’en jouir et de gagner une confiance nouvelle en moi. C’est de me responsabiliser pour mon propre plaisir et de vivre une liberté nouvelle et totale sans saveur de culpabilité. C’est accueillir l’autre sans honte intérieure dans des moments de confidences mais aussi s’accueillir soi-même dans tout ce que l’on a envie d’expérimenter.

 

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