Je devrais donc… je suis?

Je devrais donc… je suis?

Tu parles trop.
Tu es trop bohème.
Tu prends tellement de place !
Tu fais toujours le clown.
T’es tellement asocial !
Avec un caractère de même, tu seras difficile à caser.

Ces phrases, on se les fait dire à répétition, celles-là ou d’autres. Vous avez les vôtres, LA vôtre. Celle qu’on vous répète depuis que vous êtes petit. Un reproche qui vient d’abord de l’extérieur, puis qui s’installe à l’intérieur, imposant en nous la croyance que cette phrase, ces phrases sont vraies.

Et voilà qu’on pense en « devrais » :
Je devrais me taire,
je devrais m’établir,
je devrais me faire plus discret,
je devrais être plus sérieux,
je devrais sortir plus,
je devrais travailler mon caractère, etc.

Et les devrais… et bien ils tuent nos élans de vie.

Dans mon cas, une de ces phrases concernaient l’argent. Ayant reçu un héritage il y a de cela plusieurs années, j’avais décidé à l’époque de ne pas le toucher. J’étais jeune et je ne me connaissais pas assez ; je me disais que le seul endroit digne de l’investir serait un jour dans une maison, ce que j’ai fait. Puis j’ai quitté la maison, vendu mes parts, et récupéré l’héritage. Mon idée : ne surtout pas le toucher pour un jour le réinvestir dans une maison. Le seul problème : dans mon aujourd’hui, je n’en veux pas de maison!! J’ai donc été plusieurs mois à la recherche d’une façon de placer cet argent de façon responsable. Souvent, j’ai dit à ma mère : « Ne t’inquiète pas, je ne vais pas dépenser cet argent dans des voyages ! » Et puis un jour, c’est comme si pour la première fois je me suis entendue dire cette phrase. Vous savez, ce sentiment de prendre du recul face à soi ou à une situation et de soudainement voir les choses différemment ?

 

PAF ! Pour la première fois, j’y ai décelé une croyance ancrée en moi :

Le voyage est une dépense irresponsable.

 

Cette croyance était sans doute vraie (pour moi) à l’époque où j’ai reçu l’héritage : je commençais à peine à voyager. Pourtant aujourd’hui, plus de quinze ans plus tard, je continue d’entretenir ma passion pour le voyage au point tel que je veux devenir guide. Je me suis donc posée la question suivante : Est-ce que le voyage est réellement une dépense irresponsable ?

Quand je réussis à me débarrasser des « devrais » qui définissent mes choix, actions et priorités, vous savez ce qui a place pour naitre ? Les « je suis ». Au moment où j’accepte les traits, passions et élans qui me composent, le devoir cède sa place au être.

Je ne devrais pas me taire, j’AIME m’exprimer. Et c’est correct.
Je ne devrais pas m’établir, je SUIS bohème. Et c’est correct.
Je PRENDS la place qui me revient,
je SUIS quelqu’un qui aime faire rire les gens,
je SUIS solitaire,
et oui, j’AI un caractère.

Et vous savez quoi ?

C’EST CORRECT !

C’est en partie ça, accoucher de soi. Être. S’accepter. Se dresser dignement là-dedans. L’honorer.

Et voilà… je suis partie en Irlande.

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