Elle…

Elle…

Elle…

Irremplaçable

Multiple

Féconde

Je l’ai rencontrée quand je travaillais au centre-ville. Elle me visitait régulièrement, on jasait. C’est ainsi que j’ai appris à l’apprécier, et qu’elle a commencé à me plaire. Elle était belle et insaisissable, parfois douce et affable, parfois volontaire et parcimonieuse. Elle était, et est toujours, de celles que tous connaissent, mais qui ne fait pas l’unanimité.

À l’époque on n’était pas les amies les plus proches, mais on s’entendait bien. Elle était toujours la bienvenue chez moi et moi chez elle. À mon égard elle abondait de générosité et m’inspirait à être dévouée envers les autres. Parfois elle arrivait en coup de vent, sans prévenir, et je ne pouvais me décider à garder son éclat pour moi : je l’offrais charitablement.

Au gré des hauts et des bas de ma petite vie, elle était là. Un jour j’ai compris que peu importe ce par quoi je passerais, elle continuerait de se donner à moi. Cette amitié me sécurisait.

Puis j’ai crisé. J’ai tellement crisé fort que j’ai commencé à croire que je ne méritais plus le bon dans ma vie. Je ne méritais plus d’être aimée, qu’on me fasse confiance, d’être bien. Je ne méritais même plus de m’accorder ma propre estime. C’est là que nous deux, elle et moi, ça a commencé à tanguer.

Au début, je n’ai pas senti le changement. Je pensais la perdre, mais à plusieurs reprises elle m’a rappelé qu’elle était là no matter what, et je l’ai crue ! Puis le temps a passé et j’ai commencé à moins la voir, car je ne pensais plus à l’inviter et quand elle venait me rendre visite, elle me disait toujours qu’elle ne se sentait pas vraiment la bienvenue. Suivant cette fermeture qu’elle sentait chez moi, ses élans de générosité se sont espacés, et mois après mois je constatais que notre relation devenait précaire, que les fils qui nous soudaient sainement tombaient, s’atrophiaient, s’effilochaient dangereusement. Le doute s’est installé en moi et quelque part j’oublie – où et quand – j’ai fermé la porte à notre relation.

Ce n’est que récemment que j’ai constaté la mesure des dégâts de ma crise dans cette relation, et que j’ai regardé en face la pourriture qui s’y était installée. Et voilà, à nouveau je veux être capable de l’accueillir dans ma vie, de savourer son amitié. Je ne veux pas qu’elle soit au centre de ma vie, mais je désire lui refaire un espace. Comme vous, je veux croire que j’ai droit à sa générosité et l’apprécier pour ce qu’elle est.

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